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Comprendre les institutions financières internationales (IFI)

a écrit dans Les flux financiers sur mai 13th, 2013 by

Pendant cette session, les intervenantes ont présenté un aperçu des institutions financières internationales (IFI), à savoir ce qu’elles sont, leur rôle et la manière dont elles influencent et touchent les politiques nationales, les investissements ainsi que les droits et les moyens de subsistance des femmes. En deuxième lieu, l’atelier s’est attardé sur la façon dont la société civile peut organiser son plaidoyer pour faire en sorte que les investissements des IFI tiennent compte de la dimension du genre et œuvrent pour la promotion des droits des femmes et de la justice. Le personnel de l’AWID a préparé un résumé de l’atelier Comprendre les institutions financières internationales (IFI), qui s’est tenu dans le cadre des sessions de « boîtes à outils » du Forum de l’AWID 2012.

Intervenantes et intervenant : Elaine Zuckerman et Sarah Bibler (Gender Action, États-Unis), Christian Tanyi (Martin Luther King Jr. Foundation – LUKMEF), Ana Quirós Víquez (El Centro de Información y Servicios de Asersoría en Salud – CISAS, Nicaragua)

Les dix principes élémentaires à connaître au sujet des IFI

1. Les IFI sont des institutions publiques et doivent rendre des comptes

Les institutions financières multilatérales (telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et les banques régionales de développement) constituent les principales institutions financées par les contribuables. Celles-ci sont aux mains du secteur public et sont sous l’influence de nombreux gouvernements. On doit exiger d’elles qu’elles rendent des comptes, puisque ce sont nos impôts qui financent leurs initiatives.

2. Les conditionnalités associées aux prêts qui sont imposées par les IFI minent la souveraineté des pays pauvres

En théorie, les IFI sont censées aider les pays à bas revenu (PBR) à maintenir leur équilibre macro-économique. Cependant, elles ne soutiennent jamais les fonds de stimulation. Les pays doivent fréquemment augmenter les impôts et diminuer les dépenses publiques en vertu des conditions entourant ces « prêts à l’appui de réformes » qui exigent des pays une austérité dans leurs dépenses.

3. Les dettes générées par les prêts des IFI compromettent les droits humains des femmes

Les réductions imposées aux services publics ont des incidences néfastes et disproportionnées sur les femmes, lesquelles sont plus susceptibles d’être responsables des soins à la personne non rémunérés, qui eux augmentent lorsque les dépenses en matière de santé, de soins, d’éducation, d’eau, de combustible et d’autres services essentiels sont réduites.

4. Les États-Unis exercent un contrôle démesuré au sein des IFI

Un exemple : les États-Unis sont le seul pays ayant un droit de veto au sein de la Banque mondiale. Pour jouir de ce droit de veto, un pays doit posséder 15 % des parts du total. Les États-Unis en possèdent 16 %, le Japon 8 % et la Chine entre 3 et 4 %. L’ensemble des pays africains ne représente que 5 % des parts.

5. Les pays du Nord exercent également un très grand pouvoir au sein des IFI

• La structure de gouvernance de la Banque mondiale comporte un conseil d’administration de 24 membres dont la majorité provient des États-Unis et des pays européens. La Chine, la Russie, l’Inde et huit autres pays siègent au conseil d’administration ;
• La structure comprend un club néocolonial de pays riches qui représentent d’autres pays. Par exemple, le Canada représente les Caraïbes et l’Irlande ;
• Chose qui renforce le déséquilibre de pouvoir, les membres du conseil d’administration ne sont pas en mesure de prendre des décisions. Ils reçoivent leurs ordres des ministres des Finances de leurs pays respectifs, qui eux-même sont influencés par des grandes entreprises.

6. Les grandes entreprises sont les plus grandes bénéficiaires des IFI

Les grandes entreprises tirent largement profit des IFI. La concurrence fait rage pour décrocher les contrats relatifs aux projets auxquels sont accordés des prêts ; elles jouent un important rôle de lobby auprès du Congrès américain (qui est mu par des intérêts politiques ou personnels).

7. Les IFI ne financent que les projets à court terme, sans égard à une vision à long terme

Les prêts et les contrats qu’accordent les IFI sont axés sur les infrastructures, comme la construction d’écoles et d’hôpitaux. Cependant, elles ne financent pas les coûts opérationnels, notamment les salaires requis pour diriger ces hôpitaux et ces écoles. Dans certains PBR, on trouve des immeubles et du matériel inutilisés faute de ressources, de formation ou de capacités permettant de les rendre fonctionnels.

8. Les frais d’utilisation imposés pour les services essentiels soutenus par la Banque mondiale ont eu pour effet d’exclure les femmes et les filles des services vitaux

• Les IFI soutiennent encore l’imposition de frais d’utilisation pour les services essentiels afin d’aider les pays endettés à rembourser leurs prêts. Cette situation a freiné, voire bloqué l’accès aux services vitaux, comme les services de santé reproductive, les médicaments antirétroviraux et l’éducation primaire ;
• Bien que la Banque mondiale prétende ne plus être en faveur des frais d’utilisation pour les soins de santé et l’éducation, des recherches menées par Gender Action révèlent que la Banque mondiale soutient actuellement les frais d’utilisation en matière de soins de santé (tiré de la trousse de Gender Action, IFI Watcher Toolkit, page 17).

9. Les femmes et les filles font les frais des incidences environnementales, sociales et économiques qu’engendre l’accroissement des dépenses de la Banque mondiale dans les industries extractives

• Les projets de nature extractive ont davantage de répercussions sur le quotidien des femmes, notamment en raison des déplacements forcés, de la détérioration de l’environnement, de la perturbation de l’agriculture de subsistance et des moyens de subsistance traditionnels ainsi que de la volatilité des flux monétaires dans les régions où sont réalisés les projets ;
• Les femmes, qui constituent la majorité de la main-d’œuvre agricole du monde, sont fréquemment les premières mises à pied et les dernières réembauchées quand les industries extractives s’approprient les terres agricoles locales à des fins d’extraction minière ou pétrolière (tiré de la trousse de Gender Action, IFI Watcher Toolkit, page 13).

10. L’échec du modèle d’investissement des IFI : Une occasion de promouvoir une vision alternative fondée sur les droits humains

• Les femmes sont fréquemment sous-représentées ou exclues des processus de planification et de consultation ;
• Les mécanismes de reddition de comptes mettent davantage l’accent sur l’évaluation des enjeux environnementaux que sur les questions liées au genre, ce qui crée un cadre qui permettrait
l’intégration des droits des femmes aux discussions.

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