Le financement de la lutte contre le réchauffement climatique et l’autonomisation des femmes

Cette session s’est penchée sur les dimensions de genre que comporte le financement international de la lutte contre le réchauffement climatique. On y a notamment discuté, sous l’angle du genre, des rouages de l’adaptation et de l’atténuation ainsi que du développement et du transfert technologique associés au réchauffement climatique. Les participantes et participants ont dressé la liste des mécanismes, institutions et modalités du financement de la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale, régionale et nationale, tels qu’ils existent ou sont en train d’émerger. Le personnel de l’AWID a préparé un résumé de l’atelier Le financement de la lutte contre le réchauffement climatique et l’autonomisation des femmes, qui s’est tenu dans le cadre des sessions de « boîtes à outils » du Forum de l’AWID 2012.
Intervenante : Mariama Williams (South Centre)
Le financement de la lutte contre le réchauffement climatique et l’autonomisation des femmes : Les dix choses que vous devriez savoir
1. Le réchauffement climatique est défini comme l’augmentation à long terme de la température de la surface de la terre et la variabilité systémique et chronique du climat.
- Le réchauffement climatique influence les précipitations et contribue à la plus grande fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes.
2. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est un organe de plus de 2 500 experts qui analysent les résultats et les rapports scientifiques afin d’évaluer la situation du réchauffement climatique. Depuis 1988, le GIEC a établi un consensus sur le fait que la planète se réchauffe et que cela est probablement dû à des facteurs humains, entre autres la combustion de pétrole, de charbon, de gaz, de combustibles fossiles, etc.
- Ces sources d’énergie émettent des gaz à effet de serre qui agissent comme une couverture reflétant la chaleur vers la terre, de sorte que les températures augmentent en permanence. Les gaz à effet de serre ont une très grande longévité ;
- Le GIEC a été mis sur pied en 1988. Son premier rapport a présenté une évaluation globale de la situation du réchauffement climatique. Ses autres rapports d’évaluation en 1995, 2001 et 2007 ont fourni des mises à jour sur les incidences du réchauffement climatique. L’année dernière, le GIEC a publié un rapport spécial stipulant qu’il est désormais possible d’associer avec certitude le réchauffement climatique à la fréquence et à l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes (par exemple les tempêtes et les cyclones).
3. Les deux principales stratégies adoptées pour diminuer les gaz à effet de serre sont l’atténuation, qui porte sur les actions qui servent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, et l’adaptation, soit les actions visant à nous adapter aux répercussions des gaz à effet de serre.
- Ces deux stratégies ont été établies en vertu de la Convention-des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), adoptée par les États membres lors du Sommet de la Terre de 1992 ;
- L’atténuation et l’adaptation sont inextricables. Si les mesures d’atténuation diminuent, on constate une détérioration de la situation environnementale, ce qui va de pair avec la nécessité d’instaurer encore plus de mesures d’adaptation. Et inversement, si l’on augmente les mesures d’atténuation, le besoin d’adaptation diminue.
4. L’architecture du financement de la CCNUCC est fondée sur le principe voulant qu’en raison du lien établi entre les gaz à effet de serre et l’industrialisation, c’est aux pays développés (membres de l’OCDE) de mener le travail d’atténuation des gaz à effet de serre, tandis que les pays en développement doivent instaurer un développement durable et centrer leurs actions sur l’adaptation.
- Le document stipule également qu’une adaptation efficace dans les pays en développement doit être soutenue par le transfert de fonds et de technologies que les pays développés se sont engagés à soutenir.
5. La Conférence des parties (COP) est l’organe opérationnel de la CCNUCC. Il est chargé de prendre les décisions et de mettre en place l’infrastructure encadrant les politiques de financement de la lutte contre le réchauffement climatique.
- La COP a recours à plusieurs entités responsables pour gérer la distribution des fonds alloués aux pays en développement. Au fil du temps, on a apporté divers changements et améliorations afin de composer avec les défis relatifs à l’institution des politiques ;
- Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a été le premier organe destiné à transférer les fonds des différents pays pour le financement de la lutte contre le réchauffement climatique aux pays en développement ;
- Lors de la Conférence de Copenhague sur le climat en 2009, les pays développés ont proposé la mise sur pied de Fast Start Finance, qui a octroyé 30 milliards de dollars aux pays en développement pour financer des mesures d’atténuation, d’adaptation et des transferts technologiques entre 2010 et 2012. Par cette initiative, les pays se sont également engagés à mobiliser 100 milliards de dollars d’ici 2020. (Dans l’ensemble, ces fonds ne sont pas suffisants pour avoir une incidence notable. Ainsi, en Asie du Sud-est, au cours des cinq à dix prochaines années, on devra investir quelque 50 milliards de dollars uniquement pour ce qui a trait à l’adaptation) ;
- Le Fonds vert mondial (GCF) s’est établi en 2010 à Cancun, en réaction aux flux inadaptés de fonds liés à la lutte contre le réchauffement climatique observés depuis 1992, lors de la création de la CCNUCC. Il s’agit du plus récent progrès relatif au mécanisme de financement en vertu de la CCNUCC.
6. En 2010, la Conférence des Parties a officiellement fixé un objectif de limitation de l’augmentation de la température moyenne de la planète à 2° Celsius.
- Toutefois, cet objectif est controversé. Bon nombre d’experts s’entendent pour dire que la limitation est trop élevée pour certains pays qui ne disposent pas de l’infrastructure requise pour faire face aux conditions météorologiques extrêmes associées au réchauffement de la planète. Par exemple, une température moyenne de deux degrés place la moyenne à trois ou quatre degrés en Afrique, ce qui entraînera davantage de sécheresses, d’inondations, etc.
7. On convient que les nations industrialisées sont les principales responsables des émissions de gaz à effet de serre et qu’elles doivent fournir une compensation pour les dommages ainsi causés. Les principes relatifs au financement de la lutte contre le réchauffement climatique stipulent qu’il doit s’agir de nouveaux fonds, en supplément de ceux destinés au développement ; on énonce également que les fonds doivent être suffisants et ne pas peser sur les pays en développement. Il existe une série de mécanismes mis à la disposition des pays en développement à ces fins, notamment :
- REDD – Réduire les émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts [Reducing Emissions from Deforestation and Degradation], un projet qui encourage la protection des forêts, par lequel les pays développés prennent des dispositions permettant aux pays en développement d’éviter l’abattage des arbres. Il s’agit d’une stratégie importante puisque les arbres produisent de l’oxygène et qu’ils contribuent à diminuer le dioxyde de carbone dans l’atmosphère ;
- Des outils de financement novateurs où l’on impose des taxes sur le carburant aérien, maritime et sur les combustibles à base de carbone.
8. Le réchauffement climatique n’est pas neutre sous l’angle du genre. Les femmes ont investi beaucoup d’efforts pour faire en sorte que le genre soit intégré aux politiques et au financement de l’architecture de lutte contre le réchauffement climatique. Lors de phénomènes météorologiques extrêmes, on observe davantage de décès chez les femmes que chez les hommes (ou encore des décès à un âge plus jeune que chez les hommes) en raison de divers facteurs, à savoir entre autres :
- La discrimination fondée sur le genre ;
- L’accès aux ressources et à l’information ;
- Les facteurs culturels (dans les pays en développement, il est fréquent que les femmes ne sachent pas nager ; de plus, leurs vêtements traditionnels nuisent à leurs mouvements) ;
- Le rôle traditionnel que jouent les femmes sur le plan des soins dans le contexte de l’économie informelle : lors de catastrophes naturelles, ce rôle prédéterminé est exacerbé ;
- Les facteurs relatifs à la santé, comme la croissance des parasites et des moustiques, auxquels contribue le réchauffement climatique (comme le démontrent des études). L’Organisation mondiale de la santé fait état de données probantes établissant que les femmes enceintes sont plus susceptibles d’être atteintes de malaria ou d’autres formes de maladies.
9. Pendant un exercice où les pays en développement présentaient leurs enjeux les plus urgents en matière d’adaptation, la question des droits des femmes a généralement été absente. Dans certains cas, cet enjeu était évoqué de manière superficielle, pour disparaître dès que l’on procédait à une analyse plus poussée.
10. De petites victoires en matière de visibilité de la dimension du genre dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique ouvrent la voie à d’autres possibilités.
- L’organisme principal revendiquant l’intégration du genre est la Global Gender Climate Change Alliance (une alliance composée d’organisations de femmes et des organes de l’ONU dédiés aux questions de genre) ;
- Lors des discussions qui se sont tenues à Cancun en 2010, le genre a été intégré au texte dans huit domaines majeurs. Dans le cadre du Fonds vert mondial, la question du genre a été prise en compte sur le plan de la gouvernance et de la structure du conseil d’administration.
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