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Pas de révolutions sans égalité et sans justice

par Kinda Mohamadieh.

Pas de révolutions sans égalité et sans justice : la lutte pour les droits des femmes au moment de repenser le développement dans la région arabe.

Les femmes étaient au centre des mouvements citoyens et des différentes formes d’activisme qui ont mené aux révolutions et soulèvements populaires dans la région arabe. Les femmes, en leurs capacités et leurs rôles multiples d’étudiantes, activistes dans les groupes industriels et syndicaux, intellectuelles, professeures, mères, dirigeantes de la société civile, ont toutes contribué à faire des révolutions une réalité.

Les révolutions et les soulèvements populaires dans la région arabe ont inspiré le changement à plusieurs niveaux, notamment la réapparition de l’engagement citoyen dans la sphère publique. Beaucoup y ont vu l’occasion de rétablir le contrat social entre le citoyen et l’État. En outre, les révolutions et les soulèvements populaires ont mis en lumière la nécessité de mieux comprendre l’interface entre la gouvernance politique, les politiques économiques et sociales, et les droits des peuples au développement. Ce sont les doléances économiques, la pauvreté, les inégalités, le chômage, la diminution des salaires (violations des droits économiques et sociaux) qui étaient à la base des révolutions et des soulèvements dans la région arabe. Pendant cette période de transition et de lutte pour la durabilité de la pratique démocratique dans la région arabe, il convient également de repenser le paradigme du développement et la quête des droits au développement dans la structure de la politique sociale et économique de la région.

Les révolutions et les transitions montrent clairement que les citoyens doivent s’engager et pratiquer activement leur citoyenneté, dans ses dimensions économiques, sociales, politiques, mais aussi culturelles. La citoyenneté et les droits ont été revendiqués en guise de source de légitimité des prises de décision et de mécanisme pour maintenir l’imputabilité.

Défis pour les droits des femmes

Parallèlement à l’optimisme, les menaces de retournement contre les droits des femmes ne se sont pas fait attendre après la chute des anciens régimes dans plusieurs pays arabes. On a pu observer des attaques contre les activistes et les groupes de femmes en Tunisie, en Égypte et en Libye. Les luttes et les droits des femmes semblent avoir subi une régression significative et les marges pour promouvoir les demandes des femmes sont en train de se rétrécir.

Les nouveaux dirigeants, en majorité des hommes, semblent oublier que la démocratie sans l’égalité dans tous ses aspects, en droit et en pratique, équivaudrait à une autre forme d’autoritarisme (International Civil Society Action Network, 2011). Les processus politiques de transition en Égypte, en Tunisie et en Libye (notamment les comités de transition) n’avaient pas de représentation équitable des femmes. Aux élections de 2011, les partis politiques islamistes ont remporté la majorité en Égypte, en Tunisie et au Maroc. Les femmes ne sont pas équitablement représentées dans les parlements nationaux. En outre, le rôle de la religion progresse pour définir les rôles des femmes et leur statut politique, économique et social. Dans un tel contexte, les droits des femmes pourraient faire partie du jeu politique où des groupes les utilisent comme outil pour se donner une image de libéralisme ou pour répondre à l’idéologie politique de leur opposition, sans intégrer l’égalité entre les genres dans leur pratique ni intégrer la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice dans leurs programmes de travail (Mustafa, 2011). Dès lors, pour les femmes de la région arabe et plus particulièrement dans les pays qui ont connu des révolutions populaires, il y a risque de voir réapparaître les anciennes luttes et il faut se concentrer sur l’élargissement des marges pour les demandes des femmes vis-à-vis d’autres acteurs politiques, sociaux et civils.

La grande question est de savoir si les révolutions ont jeté les bases d’un système de gouvernance et de pratique politique fondé sur les droits, l’égalité, et la justice. Les mouvements populaires instaureraient-ils vraiment un cadre pour remettre en question les structures de gouvernance économique et sociale dans une optique de droits ? Dans la mesure où les réalités arabes sont étroitement liées à la gouvernance économique globale, est-il possible de faire une révolution économique au niveau national, notamment en réorganisant les relations sociales et de pouvoir qui influencent la réorganisation des réalités économiques ? Sommes-nous capables de nous attaquer à la distribution des ressources économiques et de promouvoir l’indépendance économique des femmes, qui est étroitement liée à une plus grande participation politique ? Dans l’ensemble, les mouvements reflètent-ils une révolution dans la réalité, en termes de leur impact sur les réalités des droits, des égalités, de l’inclusion et de la justice de genre ?

Lacunes de la pratique politique dans la région arabe

Les décennies précédentes de pouvoir et de pratique politique dans les pays arabes font apparaître clairement la négligence du projet développement national (vision/stratégie) et la dégradation de l’art de gouverner. L’intérêt des dirigeants était centré sur l’obtention du soutien de la communauté internationale, notamment des grands blocs économiques et des institutions financières internationales, en adoptant les recettes économiques orthodoxes acceptées. L’orthodoxie économique a été utilisée pour obtenir le soutien international, malgré la nature oppressive de la gouvernance politique et la violation grave des droits humains. Les pouvoirs politiques et économiques convergeaient donc et les ressources économiques étaient de plus en plus centralisées et monopolisées, sous le contrôle de quelques personnes appartenant à la famille ou au parti au pouvoir, ou de leurs proches.

Ces trois dernières décennies, les économies de la région arabe se sont articulées de plus en plus autour d’une forme de croissance qui néglige les objectifs de développement, ainsi que les droits économiques et sociaux des personnes. Les décideurs politiques ont donné la priorité à l’intégration dans l’économie globale par la libéralisation du commerce et des investissements, les emprunts, l’expansion des opérations de privatisation, les partenariats public-privé et surtout la dérégulation économique(1). Les politiques macroéconomiques ont été réorientées pour privilégier la lutte contre l’inflation, attirer les investissements étrangers directs (IED) et accroître l’ouverture au commerce et aux flux de capitaux (UNCTAD, 2011). Le rôle des politiques macroéconomiques pour soutenir une stratégie à plus long terme orientée vers le développement a été négligé. Parallèlement, les capacités productives nationales ont été marginalisées, de même que le projet de développement national général, qui suppose de remédier aux inégalités, d’autonomiser les gens par la création d’emplois et des politiques salariales justes, et de mettre en place de vastes plans sociaux basés sur les droits (UNDP/League of Arab States, 2009).

En dépit d’une croissance économique soutenue et de gains de productivité du travail dans la plupart des pays arabes, la part des salaires dans les revenus nationaux a stagné ou diminué (voir Figures 1 et 2). La Commission des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) montre que pour l’Égypte, la Tunisie et le Maroc, la part des salaires était en moyenne d’environ 33 % du revenu national depuis le milieu des années 1990, avec une amélioration de courte durée vers 2005, après quoi, elle a diminué (document de politique générale de la CNUCED). La baisse des salaires s’est associée à la flexibilité du marché du travail et la priorisation de la compétitivité des secteurs orientés vers les exportations. De ce fait, certains pays connaissaient une croissance économique, alors que la pauvreté, chômage et les inégalités augmentaient. En effet, les pays arabes affichaient une augmentation moyenne du produit intérieur brut (PIB) de 5 à 6 % (2007/2008), mais la pauvreté était de 8 à 30 % dans la région arabe, tandis que le chômage atteignait environ 14 % en 2009 et 40 % dans des pays comme le Soudan et le Yémen (Rapport économique arabe conjoint, 2009/2010)(2). Il convient de noter que le chômage se concentre parmi les femmes et les jeunes : l’Organisation internationale du travail (OIT) indiquait une moyenne de 21,5 % de chômage parmi les jeunes des pays arabes en 2010, avec une moyenne de 33 % parmi les jeunes femmes la même année (Tzannatos et al., 2011).

Figure 1 : Croissance, salaires et productivité du travail en Égypte.

Source :

Figure 2 : Croissance, salaires et productivité du travail en Tunisie.

Sources :

 

Les politiques économiques et sociales n’ont pas été conçues pour servir les objectifs de développement et les droits des citoyens. Le type de croissance réalisée n’a pas fonctionné pour les femmes et l’égalité, ni pour beaucoup d’autres couches et groupes de la société. Les inégalités, reflétées dans les salaires, l’accès à l’emploi et les vulnérabilités sociales générales ont augmenté entre les régions (centre et périphéries), entre les hommes et les femmes, et entre les populations jeunes et plus âgées.

Mettre en place une stratégie de développement et repenser le rôle de l’État démocratique et de développement
Le principal défi pour les peuples et les responsables des pays arabes réside dans la reconstruction du projet de développement national (vision/stratégie). Cela requiert de se réapproprier l’élaboration des politiques et de remettre en application les principes de souveraineté, d’égalité, de justice et de droit au développement. Comme l’élaboration des politiques a trop souvent été une réaction aux attentes, aux exigences et parfois aux conditions imposées par les acteurs externes, l’État a adopté une stratégie passive dans la région arabe plutôt que de jouer un rôle « activiste et idéaliste » (Reinert, 1999).

Aujourd’hui, l’élaboration d’un nouveau contrat sociétal dans les pays arabes suppose de repenser le rôle de l’État, notamment en réfléchissant sérieusement aux différents rôles de l’État en guise d’élément majeur pour établir des marchés qui fonctionnent bien et en qualité d’investisseur social et d’agent proactif pour l’investissement à long terme dans l’économie réelle. Ces différents rôles se chargeraient de la construction d’institutions et de processus, de la distribution des revenus, ainsi que de la justice sociale et de genre, de la promotion d’une forme adéquate de croissance économique pouvant contribuer de façon positive à renforcer ses anciens rôles (Reinert, 1999).

Groupes féministes et de femmes sur les politiques et les droits économiques et sociaux dans la région arabe

Les droits civiques et politiques des femmes, ainsi que leurs droits économiques, sociaux et culturels sont étroitement liés à leur autonomisation. Les pressions économiques, sociales et culturelles imposées aux femmes dans les sociétés arabes empêchent de progresser sur le front politique et civique. L’indépendance économique est un facteur essentiel pour une participation plus grande dans l’arène publique et pour avoir une voix et une représentation politiques plus fortes. L’accès à l’éducation et aux possibilités d’emplois (sur la base d’un emploi décent)(3) sont des points de départ nécessaires pour l’indépendance économique. Cette interface reflète la relation interne entre différentes sortes de libertés que reflète l’approche du « développement en guise de liberté » d’Amartya Sen, au titre de laquelle il dit que la « non-liberté économique », sous forme de pauvreté extrême, peut faire en sorte qu’une personne est victime de violations d’autres types de liberté, tandis que la « non-liberté politique » peut également favoriser la « non-liberté économique » (Sen, 2000, cité dans Chimni, 2008 : 5).

On ne peut pas séparer la participation des femmes sur le plan économique d’une réforme générale des modèles économiques et de développement adoptés dans la région arabe. Les révisions systémiques des politiques pour réaliser les droits des femmes et l’autonomisation économique doivent être intégrées dans la révision générale des politiques de développement et des efforts en vue de la justice économique, en renforçant les secteurs productifs, en éradiquant la pauvreté, en créant des emplois et en réformant l’éducation. En outre, on ne peut pas aborder les droits des femmes par une approche fragmentée centrée sur des indicateurs spécifiques et qui marginalise le contexte politique plus large. Une approche fragmentée conduirait au résultat paradoxal que la Banque mondiale (BM) qualifie de « paradoxe de l’égalité des genres » au Moyen-Orient et Afrique du Nord (région MOAN). Cette formule désigne la suppression du lien entre le progrès réalisé par les pays de la région pour réduire l’écart entre les genres des résultats en matière d’éducation et de santé, et la capacité de réaliser des taux supérieurs de participation des femmes à la vie économique et politique (Vishwanath, 2012).

Souvent, les groupes de femmes de la région arabe n’ont pas défendu les droits économiques autant que les droits civiques et politiques. La construction d’un mouvement sur le plan économique et social reste un défi si les groupes pour les droits des femmes sont confrontés à une régression des droits politiques et personnels. Il est important toutefois de se rendre compte que cette focalisation sur un aspect des droits ne se limite pas à la région arabe ni aux organisations de la société civile. On observe en effet que le travail de recherche des féministes est souvent centré sur un aspect de la violation des droits des femmes et exclut ou néglige les autres, ce qui constitue un défi pour aborder l’universalité des droits (Fagbonbe, 2008 : 406)(4).

Aujourd’hui, les groupes féministes et des droits des femmes ainsi que d’autres organisations de la société civile ont un rôle majeur pour assurer que les réformes dans les pays arabes incarnent pleinement les principes de justice, de droits humains, de non-discrimination et d’égalité. Ils sont confrontés au défi d’assurer que les droits des femmes sont au centre des réformes entreprises, notamment des réformes constitutionnelles et autres réformes législatives, ainsi que des réformes générales politiques, économiques, sociales et culturelles. Ces groupes doivent relever le défi de passer d’une position défensive à un rôle plus proactif dans l’élaboration des politiques publiques, concevant ainsi et favorisant les alternatives sur tous les fronts. Les groupes féministes et des droits des femmes doivent renforcer et approfondir la solidarité et les platesformes communes pour les luttes contre l’oppression économique et sociale. Ces platesformes seraient le cadre pour renforcer les mouvements sociaux et mettre les notions d’égalité et de non-discrimination au cœur des différentes luttes sociétales.

Égalité, justice de genre et élaboration de politiques centrées sur le développement

Un des principaux défis que doivent relever les peuples et les responsables publics dans les pays arabes aujourd’hui consiste à concevoir d’autres paradigmes de développement et à reconstruire le projet de développement national (vision/stratégie). Toutefois, l’interface entre les défis issus de la mondialisation, de la gouvernance économique globale non démocratique, du manque de stabilité, des occupations et des conflits internes dans la région arabe, ainsi que des multiples formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes renforce les défis auxquels se heurte le débat concernant les paradigmes alternatifs de développement.

Pour repenser les paradigmes du développement, il faut repenser une série d’outils de politique économique, notamment les politiques commerciales, d’investissement, financières, fiscales et autres. Ces politiques doivent être réaménagées pour appuyer des processus de développement dynamiques à long terme identifiés au niveau national et dans un ordre de succession correspondant aux degrés de développement réalisés et aux objectifs de développement visés. Au cœur de ces processus, il y a la reconstruction des secteurs productifs, la création d’emplois, la redistribution et l’égalité des chances pour tous de participer à et de bénéficier de ces processus. Cela requiert en outre de repenser les cadres réglementaires et les institutions publiques connexes pour appuyer les objectifs de développement fixés.

Dans ce contexte, l’accent ne porterait pas sur les niveaux de croissance économique atteints, mais sur la façon dont la croissance économique est générée et les manières dont le commerce, les investissements et les finances interagissent dynamiquement avec des objectifs de développement comme la création d’emplois, la réduction de la pauvreté et la correction générale des inégalités.

Dans le même contexte, il faut abandonner l’hypothèse selon laquelle la croissance économique débouchera automatiquement sur une plus grande marge pour l’autonomisation économique des femmes et, partant, brisera le cycle de la répression des droits personnels et politiques. Il faut examiner de plus près le type de politiques de croissance qui serait bon pour les femmes, l’emploi des femmes et le progrès en matière de droits économiques et sociaux des femmes. Il faut en outre étudier les types de politiques de croissance qui alimenteraient effectivement la correction des inégalités dont les femmes souffrent. Cela suppose d’examiner les politiques qui contribueraient à renforcer et mettre en application les droits des femmes, ainsi que le type de mesures et de lois de discrimination positive en fonction du genre, nécessaires pour corriger la discrimination par le droit et la pratique qui est évidente aujourd’hui (voir Figure 3).

Figure 3 : Différentiation juridique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Source :
Banque mondiale/IFC, 2012. Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2012 (Women, Business and the Law 2012) : 14. Disponible sur http://wbl.worldbank.org. La région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord affiche la moyenne la plus élevée de différenciation juridique entre les hommes et les femmes par rapport à d’autres régions. Le plus grand manque de parité s’accompagne d’une participation plus faible des femmes au marché du travail.

Il est essentiel de lutter pour le cadre des droits, de l’égalité, de l’inclusion et de la justice de genre en guise de base pour repenser ces politiques. Il est crucial aussi de définir la mesure dans laquelle ces politiques servent le progrès en matière d’égalité et de justice, comme principaux indicateurs de mesure de leur réussite ou leur échec.

Repenser les politiques productives

Les économies arabes connaissent généralement une régression des secteurs productifs qui se manifeste par la stagnation des parts de l’agriculture et de l’industrie dans le PIB et une expansion rapide des activités à faible valeur ajoutée, qui s’accompagne d’une diminution de la contribution de la productivité à l’emploi (Arnim et al., 2011). Pour relever le défi du chômage dans la région arabe, il faut redynamiser les capacités productives et cesser de se concentrer sur des schémas à faible productivité et faible création d’emplois. Pour rétablir les politiques de développement dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie et des services, il faudrait une transformation structurelle qui n’est possible que par un cadre politique dynamique et délibéré, au titre duquel les politiques commerciales, d’investissement et financières sont définies pour soutenir et élargir l’espace politique et non l’alourdir.

Pour promouvoir l’égalité et la justice de genre par des politiques du secteur productif, il faudrait comprendre les rôles joués par les femmes dans ces secteurs, les formes de discrimination dont elles font l’objet dans la loi et la pratique, et développer dès lors des mécanismes et des approches politiques qui favorisent positivement l’égalité de genre et la justice.

Dans la région arabe, l’emploi des femmes est très concentré dans le secteur de l’agriculture. La part de l’emploi des femmes en dehors du secteur agricole n’est que de 20 % (2008) dans les pays du MOAN, pour 40 % au niveau global (United Nations MDGs Review, 2010). En fait, le MOAN est la seule région où l’emploi des femmes dans l’agriculture a nettement augmenté au cours de la dernière décennie, passant de 33 % de l’emploi total des femmes en 1996 à 39 % en 2006 (World Bank, 2009).

Depuis la crise économique et financière globale (2008), le secteur agricole connaît un déclin, en particulier dans les pays d’Afrique du Nord, qui peut être lié à une diminution des exportations agricoles (Tzannatos et al., 2011). Cela réduit encore les possibilités d’emploi pour les femmes et leurs sources de revenus, augmentant dès lors l’incidence de la pauvreté parmi elles. La concentration de l’emploi des femmes dans ce secteur reflète les lacunes plus vastes auxquelles elles sont confrontées en termes d’accès à l’éducation, aux soins de santé et à la sécurité sociale. En outre, des investissements inadéquats dans l’infrastructure rurale et l’accès limité des femmes à la terre et au crédit aggravent les vulnérabilités de l’engagement des femmes dans le secteur agricole.

De ce fait, les politiques relatives au secteur agricole influencent considérablement les possibilités d’améliorer la participation des femmes dans ce secteur et déplacent leur participation d’un statut vulnérable au cadre de l’emploi rémunéré et décent.

Il n’est pas possible de redresser le déclin du secteur agricole en raison de son rôle social et économique sans rôle actif de l’État pour éclaircir une politique à long terme visant à développer le secteur. Une telle stratégie s’occuperait du cadre juridique nécessaire pour soutenir dans ce secteur un type d’investissement productif. Ce cadre juridique devrait respecter les droits des communautés rurales et l’autonomisation des petits paysans qui sont la majorité des communautés actives dans ce secteur dans les pays arabes et où se concentre la participation des femmes. Ce rôle actif de l’État en qualité d’entrepreneur et investisseur proactif dans les capacités productives (dans une politique qui attire un éventail plus large d’investisseurs vers le secteur) n’empêche pas une implication du secteur privé. Au contraire, il le complète et assure une politique orientée vers le développement propice à la participation du secteur privé.

De même, un vaste plan de développement dynamique qui intègre un objectif de genre est nécessaire dans plusieurs secteurs productifs, notamment l’industrie et les services.

Repenser les politiques commerciales et d’investissement

Il est crucial de concevoir des politiques commerciales et d’investissement au bénéfice des objectifs de développement, pour que la trajectoire de développement soit couronnée de succès. À défaut, les règles établies par les accords commerciaux et d’investissement dépendent souvent de l’espace politique national pour le développement. En outre, la discussion concernant la liaison des politiques commerciales et d’investissement avec le développement ne peut pas ignorer le genre, en particulier dans un contexte où les défis de développement et d’inégalité se concentrent de manière disproportionnée parmi les femmes.

Pour lier les politiques commerciales et d’investissement à une stratégie de développement qui tient dûment compte de l’égalité et de la justice de genre, il faut réorienter la gestion du commerce extérieur et des investissements pour soutenir ces processus et investir dans les secteurs vitaux pour l’autonomisation économique des femmes. En outre, cela nécessite de penser aux différents rôles des investissements publics et privés, en faisant une différence entre les investissements « productifs » et « improductifs » , et de repenser les cadres réglementaires et les institutions connexes pour appuyer des objectifs de développement plus vastes.

Pour la politique et les IED, les décideurs politiques de la région arabe et les conseils issus des diverses institutions financières internationales se sont souvent concentrés sur la nécessité de créer un ‘environnement favorable’ pour attirer les investissements et améliorer le climat des affaires. Ils se sont souvent concentrés sur la promotion d’un plus grand nombre de zones d’investissement où les investisseurs bénéficient d’une réglementation et d’une fiscalité réduites, et sur le renforcement des droits des investisseurs (FMI, 2011), en assouplissant la réglementation du marché du travail et en signant un plus grand nombre d’accords d’investissement et de libéralisation du commerce (ces derniers incluent « souvent » des chapitres sur les règles de protection des investissements et des investisseurs). La signature des traités bilatéraux d’investissement et des accords de libre-échange (ALE) n’est pas empiriquement liée au fait d’attirer plus d’IED, mais les règles fixées par ces accords dépendent souvent de l’espace politique national et limitent les outils politiques qui permettent de resserrer le lien entre l’investissement et le développement.

Par exemple, les pays arabes considèrent la création de zones industrielles qualifiées (ZIQ) comme des outils pour attirer des IED. La Jordanie et l’Égypte ont tous deux créé plusieurs zones de ce type (Ghoneim and Awad, 2009)5. Des preuves indiquent que l’emploi des femmes est important dans la main-d’œuvre locale engagée dans ces zones. En Jordanie quelque 60 % des Jordaniens qui travaillent dans les ZIQ sont des femmes, souvent très jeunes, de 18 à 30 ans, généralement célibataires et titulaires d’un diplôme de l’enseignement secondaire, sans expérience professionnelle ou très peu (Ghoneim and Awad, 2009 : 20)6. Toutefois, l’expérience montre aussi que l’impact des ZIQ sur la productivité et l’emploi de la population locale est minime (Ghoneim and Awad, 2009). Pire, les ZIQ vont de pair avec des violations graves des droits des travailleurs-euses, notamment des horaires de travail prolongés, l’absence de rémunération, la maltraitance physique et sexuelle, et la privation d’autres droits fondamentaux humains et du travail7. Certains analystes présentent le grand nombre de participation des femmes dans les ZIQ comme un aspect positif. Il est essentiel cependant de se poser la question de savoir quels types d’emplois sont offerts aux femmes et si ces tendances d’emplois plus nombreux pour les femmes reflètent des améliorations en matière d’égalité et de justice ou renforcent la discrimination et la violation des droits dont les femmes sont victimes.

Il est impératif de revoir les cadres politiques d’investissement dans les pays arabes dans une optique féministe et de genre, pour comprendre comment les politiques nationales d’investissement et les IED affectent les rôles des femmes chez elles et sur le marché du travail, et comment le genre affecte les investissements étrangers et leur contribution au développement (Braunstein, 2006).

Institutions financières internationales dans la région arabe(8)

À la suite des révolutions populaires dans la région arabe, les institutions financières internationales ont élargi leur rôle et augmenté leurs prêts dans la région. Le Fonds monétaire international (FMI), la BM et la Banque européenne d’investissement (BEI) ont rapidement proposé leurs services et augmenté leurs prêts dans la région arabe(9). La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a reçu un nouveau mandat pour intervenir en Égypte, en Tunisie, en Jordanie et au Maroc. Le G8 et le G20 ont clairement fait savoir que toute aide aux pays qui connaissent le changement serait acheminée par l’intermédiaire des institutions financières internationales et les banques de développement multilatérales(10).

En avant-propos de son rapport intitulé « Transformation économique dans le MOAN : tenir la promesse d’une prospérité partagée », présenté au sommet du G8 (mai 2011), le FMI se concentre sur la nécessité d’une « accélération très significative de la croissance économique » suivie d’un appel direct à des « politiques pour créer un environnement propice au secteur privé » et une focalisation sur « la nécessité de stabilité macroéconomique » (IMF, 2011). Le FMI continue en soulignant la nécessité de réexaminer le rôle du secteur public et de faire de la place à un secteur privé dynamique, notamment une approche commerciale des activités publiques comme les appels d’offres compétitifs et la sous-traitance de certains services publics au secteur privé (IMF, 2011 : 11). Les recommandations du rapport se concentrent sur l’amélioration du climat des affaires, y compris la promotion de plus de zones d’investissement où les investisseurs bénéficient de réglementations et d’une fiscalité plus souples, et le renforcement des droits des investisseurs. Le rapport appelle à mettre en place des systèmes financiers de plus vaste portée, axés sur l’élimination des obstacles à l’entrée sur le marché et la réévaluation du rôle des banques publiques(11), ainsi qu’à favoriser l’intégration commerciale, en se concentrant sur la poursuite de la libéralisation du commerce des services, la libéralisation des flux de capitaux et des investissements, et la liberté d’établissement (IMF, 2011 : 12–13). Le rapport recommande également d’assouplir la réglementation du marché du travail. En outre, le FMI continue à mettre en garde contre un surcroît de dépenses à des fins sociales12 et recommande aux gouvernements de se concentrer sur des « mécanismes de protection sociale mieux ciblés » (IMF, 2011 : 13) comme les transferts d’argent et autres formes d’aide au revenu.

Il est manifeste que le FMI continue à centrer ses recommandations sur des politiques fiscales et monétaires rigoureuses, notamment des mesures d’austérité et le ciblage de la lutte contre l’inflation, ainsi que la libéralisation financière et la dérégulation(13), tout en évitant des objectifs alternatifs pour les politiques macroéconomiques pouvant être davantage ancrés dans les objectifs de développement liés à l’emploi et aux capacités productives. En réalité, le Fonds a rapidement ajouté à ce discours la rhétorique concernant la politique sociale, le développement en faveur des pauvres et l’inclusion, mais il semble y avoir très peu de différence entre ce qui est conseillé aux gouvernements et aux peuples arabes aujourd’hui et ce qui était conseillé aux dictateurs arabes d’hier (Bond, 2011). Ce type de « reformulation du discours » n’est pas une nouveauté pour l’institution internationale : au lendemain de la crise, le FMI s’est réinventé en qualité d’institution pouvant résoudre la crise et a adopté au fil des années, un langage de genre, en faveur des pauvres et de l’environnement, pour donner les mêmes conseils de politique orthodoxe.

Il est clair que les priorités de ces institutions s’articulent autour du renforcement des choix économiques qu’elles ont préconisés auprès des régimes antérieurs, tout en évitant de se pencher sur leur inadéquation démontrée pour relever les défis de développement auxquels sont confrontés les pays arabes. Dès lors, elles sont désireuses de faire passer les lacunes du modèle économique préconisé auprès des régimes précédents comme le résultat de l’application du modèle dans des contextes d’oppression non démocratique et non comme un échec du modèle économique lui-même(14). Cela constitue une tentative de rétablir l’espace pour promouvoir les conseils économiques orthodoxes et le postulat sous-jacent du néolibéralisme, qui suppose des liens forts entre la libéralisation économique et la transformation démocratique(15).

Souvent, les impacts sociaux et de genre de ces politiques macroéconomiques ne sont pas observés ni étudiés (Braunstein, 2012), tandis que les discours acceptés sur ces politiques et les modèles techniques connexes qui les illustrent restent « porteurs de genre » (Elson 1998, cité par Braunstein, 2012 : 33). Dans une lettre à la directrice exécutive du FMI, les organisations de la société civile soulignaient que les politiques centrées sur la réduction des dépenses publiques pour les besoins fondamentaux ont aggravé la pauvreté dans le monde entier, en particulier parmi les femmes et les filles qui constituent la majorité des pauvres, augmenté les soins des femmes à la maison et diminué leur temps disponible pour un travail rémunéré. La lettre dit « La contraction du secteur public exigée par le FMI a aussi supprimé des emplois et des allocations, ce qui touche particulièrement les femmes, qui sont les premières à perdre leur emploi et les dernières à être réengagées, parce qu’elles sont considérées (généralement à tort) comme des gagne-pain secondaires. Ce schéma tragique accroît le travail non rémunéré des femmes à la maison, dans l’agriculture de subsistance et le secteur informel. La non-reconnaissance par le FMI de ce travail non rémunéré dans les comptes nationaux renforce encore l’inégalité de genre » 16.
D’autres institutions financières internationales qui intensifient leur rôle dans la région, dont la BEI et la BERD, adoptent la même approche. Ainsi, dans ses rapports d’évaluation technique préparés pour l’Égypte et la Tunisie, la BERD attribue les lacunes des politiques mises en œuvre au cours de la période précédente à des « pathologies liées à la mise en œuvre et à la focalisation des réformes, à leur caractère incomplet, plutôt qu’à des limitations inhérentes aux systèmes économiques orientés vers le marché » (BERD, 2011). Dès lors, cette approche limite souvent la capacité de ces institutions à identifier le mauvais assortiment entre plusieurs domaines de libéralisation des politiques et les niveaux de développement dans ces pays et, partant, elle limite leur capacité à proposer et développer des interventions correspondant mieux aux objectifs de développement au niveau national.

Ce rôle des institutions financières internationales dans la région pourrait être une façon de restreindre la révolution pour la maintenir dans certaines limites et de convaincre les gouvernements que la seule option sur le plan économique consiste à restabiliser les modèles économiques antérieurs au lieu de revoir démocratiquement les choix économiques et de favoriser des politiques alternatives de développement au niveau national. Les prêts soumis à des conditions politiques peuvent aggraver les inégalités de genre ou les renforcer et miner la capacité des femmes à se sortir de la pauvreté. En effet, ce contexte contribue à marginaliser les demandes en matière de droits des femmes et de genre, ce qui à son tour influence les marges où les femmes peuvent changer et assumer des rôles différents. Cela pourrait refléter un retour de manivelle contre la conception d’alternatives et de politiques économiques pour soutenir les droits des femmes dans les pays arabes. Cette influence des puissances économiques et financières ne devrait pas échapper à la vigilance des gens et de la société civile, notamment des groupes des droits des femmes, des groupes syndicaux et des partis politiques.

Conclusion

La région est confrontée à plusieurs types de changements à différents niveaux, mais les divers acteurs et groupes prétendent de plus en plus que leurs interventions sont au service des objectifs de la révolution et des aspirations populaires. De plus en plus, les décideurs politiques des gouvernements et gouvernements de transition, les partis politiques, les groupes syndicaux et plusieurs organisations de la société civile établissent leur ordre du jour par rapport aux objectifs des révolutions et aux droits des citoyens, faisant davantage référence à la rhétorique sociale et en faveur des pauvres.

C’est dû à la réalité : après les révolutions et les soulèvements populaires, la source de légitimité des processus politiques est de plus en plus ancrée dans les droits des citoyens et les principes de liberté, d’égalité et de justice. Toutefois, l’égalité et la justice ne peuvent pas être réalisées sans égalité et sans justice pour les femmes et sans les droits des femmes.

À cet égard, les défis viennent de la dynamique nationale et des réalités globales. En effet, il est évident que la gouvernance économique globale actuelle menace de « réduire la signification de la démocratie à l’élection de représentants qui, indépendamment de leur appartenance idéologique, sont obligés de mener les mêmes politiques économiques et sociales » (Chimni, 2006 : 1). En outre, il reste difficile dans les pays arabes de favoriser le leadership national qui privilégie l’intérêt public national sur la base de visions et stratégies démocratiques et de développement. Ce contexte résume les principaux défis pour reconquérir la citoyenneté et la démocratie dans les pays arabes et les risques de voir se fermer les espaces où les peuples peuvent concevoir de nouvelles réalités économiques et sociales.

La volonté de rompre avec les tentatives de remettre en œuvre ou rétablir l’oppression des droits des peuples et de leurs exigences nécessite une interrogation publique continuelle des acteurs politiques locaux, notamment les responsables du gouvernement, les pouvoirs législatifs, ainsi que les partis politiques actifs, quant à leurs ordres du jour socioéconomiques et la façon dont ils servent le développement, au centre duquel devraient se trouver les principes d’égalité, de justice et de droit du citoyen. Nous devons penser et interroger le pacte social envers lequel les politiciens et les partis élus s’engagent, les visions économiques et du développement qui sous-tendent leur programme de travail et la mesure dans laquelle cela permet de rompre avec les cycles de régression contre les droits des femmes, tout en donnant la priorité à l’égalité et la justice sociale et de genre (Figures 4 et 5)

Figure 4 : Pourcentage de contribution de plusieurs secteurs au PIB – Tunisie

Source : Arnim et al., (2011).
Source des données : estimations des auteurs basées sur les données des comptes nationaux, Division statistique de l’ONU.

Figure 5 : Pourcentage de contribution de plusieurs secteurs au PIB – Égypte

Source des données : estimations des auteurs basées sur les données des comptes nationaux, Division statistique de l’ONU.

RESUME Kinda Mohamadieh met en lumiere les lacunes des deux dernieres decennies de pratique politique dans la region arabe. Elle examine les positions des groupes feministes et de femmes sur les politiques et les droits economiques et sociaux dans la region arabe, et examine la façon de mettre en application l’egalite et la justice de genre dans l’elaboration des politiques dans cette region. Elle se penche sur les exigences economiques et sociales qui sont au cœur des revolutions qui secouent la region arabe, ainsi que sur les difficultes pour reconquerir la citoyennete et la democratie dans un systeme de gouvernance global au service d’un modele economique orthodoxe dominant. elle met en lumiere la necessite d’approfondir la perspective et la position des groupes feministes et de femmes sur les politiques et les droits economiques et sociaux dans la region arabe.

MOTS CLES politiques productives, politiques commerciales et d’investissement, autonomisation des femmes, democratie, institutions financieres internationales.

Notes

    1. Ils font partie de l’ensemble des réformes politiques néolibérales connu sous le nom de Consensus de Washington, voir http://www.cid.harvard.edu/cidtrade/issues/washington.html.
    2. Les pays arabes affichent une croissance du PIB depuis 2003, avec 7,3 % en 2003 au lieu de 3 % en 2002. Elle s’est poursuivie tout au long de 2004, 2005 et 2006, années au cours desquelles les pays arabes ont enregistré un taux de croissance moyen de 7,3 %, 8 % et 6,6 %, respectivement. Le pourcentage du taux de croissance du PIB des pays arabes en 2008 était d’environ 6,6 %, en hausse par rapport aux 5,2 % de 2007. (Rapport économique arabe conjoint 2010 et 2009, disponible en ligne sur http://www.amf.org.ae/content/joint-arab-economic-report). Pour tout complément d’information, voir http://www.ilo.org/global/topics/decent-work/lang–fr/index.htm
    3. Le cadre du travail décent désigne les opportunités d’emplois productifs, qui assurent un revenu équitable, garantissent les droits au travail, la protection sociale, l’égalité de genre et le dialogue social. http://www.ilo.org/global/topics/decent-work/lang–fr/index.htm
    4. Fagbonbe affirme « Il n’est pas rare pour les universitaires féministes qui s’occupent de recherche sur les droits des femmes de se concentrer sur la violence conjugale, notamment la mutilation génitale féminine ou le port du voile. Bien que cette focalisation ne soit pas déraisonnable en soi, l’omission d’autres domaines pose problème » Fagbonbe (2008).
    5. ZIQ est une initiative commerciale américaine pour favoriser l’objectif politique de la normalisation effective entre Israël et ses voisins arabes : l’Égypte et la Jordanie. Les ZIQ ont été créées en 1996 sur la base de l’amendement de l’accord de libre-échange entre les États-Unis et Israël, pour élargir le traitement préférentiel sans droits de douane pour les produits d’origine israélienne vers le marché des États-Unis et inclure les exportations de zones géographiquement désignées en Égypte et en Jordanie qui respectent des règles rigoureuses en matière d’origine.
    6. Ghoneim et Awad affirment que ces nombres s’expliquent par le fait que « Les activités sont concentrées dans le secteur vestimentaire et de l’habillement, qui semble mieux adapté aux compétences féminines et/ou est réputé moins recherché par les hommes jordaniens ».
    7. « Statement On Labor Strikes in the Qualifying Industrial Zones (QIZ) », 25 avril 2011. Disponible sur : http://www.menaobservatory.org/statement-on-labor-strikes-in-the.html?lang=fr, consulté le 8 juin 2012) et « Jordan: Report notes regular abuse of workers in Qualified Industrial Zones », 16 mai 2006. Disponible sur : http://www.irinnews.org/Report/26884/JORDAN-Report-notes-regular-abuse-of-workers-in-Qualified-Industrial-Zones (consulté le 8 juin 2012)
    8. Ce chapitre est basé sur l’article intitulé : The Demands for New Development Models at the Center of the Peoples’ Revolutions in the Arab Region: Threats from Multilateral and Regional Financial and Development Institutions (Mohamadieh, 2011).
    9. Le FMI a noté son offre « d’épauler les pays MOAN désireux de définir leur propre stratégie économique et de la convertir en un programme de développement pluriannuel chiffré et articulé secteur par secteur, le tout s’insérant dans un cadre macroéconomique à moyen terme » (IMF, 2011). La Banque mondiale a annoncé un prêt supplémentaire à titre de prêt pour la politique de développement. Disponible sur :
      http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/COUNTRIES/MENAEXT/0,,a:b~contentMDK:22946182~pagePK:146736~piPK:146830~theSitePK:256299,00.html

Document d’information Programme de la Banque mondiale (29 avril 2011), Rapport n° : AB6555. Disponible sur http://documents.banquemondiale.org/curated/fr/2011/04/14279169/tunisia-governance-opportunity-development-policy-lending-project

  1. Dès février 2011, dans une déclaration à l’issue de leur réunion à Paris, les pays du G20 ont annoncé qu’ils
    « sont prêts à soutenir l’Égypte et la Tunisie, et à répondre en temps opportun, en coordination avec les institutions internationales et les banques régionales de développement, pour accompagner les réformes au bénéfice de toute la population et la stabilisation de leurs économies. »
    http://www.bloomberg.com/news/2011-02-19/g-20-country-ready-to-support-egypt-tunisia-after-revolts.html (consulté le 25 octobre 2011) et http://english.ahram.org.eg/NewsContent/3/12/5955/Business/Economy/G-offers-Egypt,-Tunisia-help,-not-blessing.aspx (consulté le 25 octobre 2011)
  2. Le rapport dit : « Parmi les domaines d’action figurent le renforcement de l’infrastructure financière (par exemple, informations sur le crédit et droits des créanciers) ; l’intensification de la concurrence par l’élimination des obstacles à l’entrée sur le marché et la réduction de la tolérance de la réglementation à l’égard des grosses positions à risque et des prêts entre parties liées ; la réévaluation du rôle des banques publiques ; le développement du système financier non bancaire ; et l’approfondissement des marchés obligataires et boursiers nationaux afin d’assurer d’autres sources de financement » (FMI, 2011 :12).
  3. Le rapport dit : « Dotés d’une marge de manœuvre budgétaire très limitée, les importateurs de pétrole de la région MOAN font face à un défi immédiat : préserver leur stabilité macroéconomique tout en assurant la cohésion sociale. À court terme, il est compréhensible et nécessaire d’augmenter les dépenses au nom de cette cohésion sociale. Quoi qu’il en soit, les importateurs de pétrole ne peuvent pas se permettre de grever les finances publiques et risquer de compromettre, à moyen terme, la mise en œuvre du nouveau programme pour une croissance équitable. Ils devront donc compenser une partie des surcoûts induits par l’augmentation des subventions et les autres mesures de soutien en taillant dans d’autres postes budgétaires. De même, ils devront également éviter les mesures qui feraient augmenter les dépenses de manière permanente. Pour conserver la confiance des marchés et empêcher de nouvelles hausses des coûts de financement, les pouvoirs publics devraient établir des plans d’urgence crédibles et détaillés » (FMI, 2011 : 7).
  4. Dani Rodrik a qualifié cet ensemble de politiques de réduction Accrue du consensus de Washington (Rodrik, 2006, cité par Braunstein, 2012 : 2).
  5. Le rapport dit que « dans plusieurs pays, les réformes économiques avaient débuté au cours de la dernière décennie. Mais dans un contexte de perte de légitimité de l’État, de faibles taux de participation politique, de népotisme, de sentiment de corruption et de prédation, et de faible imputabilité, les réformes étaient trop partielles pour prendre véritablement en mains ou transformer des institutions sclérosées. Elles passaient souvent pour accroître l’inégalité et profiter à l’élite politique. » (Banque mondiale, 2011 : 1).
  6. Cette approche affirme qu’en réformant les réglementations relatives à la concurrence, aux investissements, au règlement des litiges, etc., de nouvelles parties prenantes économiques joueront un rôle plus grand dans l’économie nationale. (Griswold, D., 2007. Trade, Democracy and Peace: The Virtuous Cycle. Disponible sur : http://www.cato.org/pub_display.php?pub_id=10712. Il convient de noter qu’en 2001, l’administration Bush a appelé à la démocratisation de la région arabe par la promotion d’accords bilatéraux de libre-échange.
  7. « Women’s Letter to Christine Lagarde! » (Août 2011). Déclaration signée par plus de 40 organisations du monde entier. Disponible sur : http://www.genderaction.org/campaigns/lagarde711.html

Références

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